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THÉORIE DE LA TERRE.

argileuse qui, selon M. Bouguer, est la terre ordinaire de la vallée de Quito, on y trouveroit des coquilles, comme l’on en trouve partout ailleurs ; en supposant que cette terre soit vraiment de l’argile, et qu’elle ne soit pas, comme celle qui est au pied des montagnes, un terrain formé par les matières rejetées des volcans.

On a souvent demandé pourquoi les volcans se trouvent tous dans les hautes montagnes. Je crois avoir satisfait en partie à cette question dans le discours précédent ; mais comme je ne suis pas entré dans un assez grand détail, j’ai cru que je ne devois pas finir cet article sans développer davantage ce que j’ai dit sur ce sujet.

Les pics ou les pointes des montagnes étoient autrefois recouvertes et environnées de sables et de terres que les eaux pluviales ont entraînés dans les vallées ; il n’est resté que les rochers et les pierres qui formoient le noyau de la montagne. Ce noyau, se trouvant à découvert et déchaussé jusqu’au pied, aura encore été dégradé par les injures de l’air ; la gelée en aura détaché de grosses et de petites parties qui auront roulé au bas ; en même temps elle aura fait fendre plusieurs rochers au sommet de la montagne ; ceux qui forment la base de ce sommet se trouvant découverts, et n’étant plus appuyés par les terres qui les environnoient, auront un peu cédé ; et en s’écartant les uns des autres ils auront formé de petits intervalles : cet ébranlement de rochers inférieurs n’aura pu se faire sans communiquer aux rochers supérieurs un mouvement plus grand ; ils se seront fendus ou écartés les uns des autres. Il se sera donc formé dans ce noyau de montagne une infinité de petites et de