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THÉORIE DE LA TERRE.

dinairement une de ces montagnes. Ainsi l’action des feux souterrains ne s’élève pas toujours jusqu’au sommet de l’Etna ; souvent ils ont éclaté sur la croupe, et, pour ainsi dire, jusqu’au pied de cette montagne ardente. Ordinairement chacune de ces éruptions du flanc de l’Etna produit une montagne nouvelle, composée des rochers, des pierres, et des cendres lancées par la force du feu ; et le volume de ces montagnes nouvelles est plus ou moins énorme, à proportion du temps qu’a duré l’éruption : si elle se fait en peu de jours, elle ne produit qu’une colline d’environ une lieue de circonférence à la base, sur trois ou quatre cents pieds de hauteur perpendiculaire ; mais si l’éruption a duré quelques mois, comme celle de 1669, elle produit alors une montagne considérable de deux ou trois lieues de circonférence sur neuf cents ou mille pieds d’élévation ; et toutes ces collines enfantées par l’Etna, qui a douze mille pieds de hauteur, ne paroissent être que de petites éminences faites pour accompagner la majesté de la mère-montagne.

Dans le Vésuve, qui n’est qu’un très petit volcan en comparaison de l’Etna, les éruptions des flancs de la montagne sont rares, et les laves sortent ordinairement du cratère qui est au sommet ; au lieu que dans l’Etna les éruptions se sont faites bien plus souvent par les flancs de la montagne que par son sommet, et les laves sont sorties de chacune de ces montagnes formées par des éruptions sur les côtés de l’Etna. M. Brydone dit, d’après M. Recupero, que les masses de pierres lancées par l’Etna s’élèvent si haut, qu’elles emploient vingt-une secondes de temps à descendre et retomber à terre, tandis que celles du Vésuve tom-