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ART. XVI. VOLCANS ET TREMBLEMENTS DE TERRE.

a gagné toute cette étendue sur la mer, et a formé tous ces nouveaux terrains… L’étendue de cette contrée couverte de laves et d’autres matières brûlées est, selon M. Recupero, de cent quatre-vingt-trois milles en circonférence, et ce cercle augmente encore à chaque grande éruption. »

Voilà donc une terre d’environ trois cents lieues superficielles toute couverte ou formée par les projections des volcans, dans laquelle, indépendamment du pic de l’Etna, l’on trouve d’autres montagnes en grand nombre, qui toutes ont leurs cratères propres et nous démontrent autant de volcans particuliers : il ne faut donc pas regarder l’Etna comme un seul volcan, mais comme un assemblage, une gerbe de volcans, dont la plupart sont éteints ou brûlent d’un feu tranquille, et quelques autres, en petit nombre, agissent encore avec violence. Le haut sommet de l’Etna ne jette maintenant que des fumées, et, depuis très long-temps, il n’a fait aucune projection au loin, puisqu’il est partout environné d’un terrain sans inégalités à plus de deux lieues de distance, et qu’au dessous de cette haute région couverte de neige on voit une large zone de grandes forêts, dont le sol est une bonne terre de plusieurs pieds d’épaisseur. Cette zone inférieure est, à la vérité, semée d’inégalités, et présente des éminences, des vallons, des collines, et même d’assez grosses montagnes : mais, comme presque toutes ces inégalités sont couvertes d’une grande épaisseur de terre, et qu’il faut une longue succession de temps pour que les matières volcanisées se convertissent en terre végétale, il me paroît qu’on peut regarder ie sommet de l’Etna et les autres bouches à feu qui l’en-