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ART. XVI. VOLCANS ET TREMBLEMENTS DE TERRE.

parlé des éruptions des volcans de la Sicile. Il en est de même du Vésuve : il a fait long-temps partie des volcans éteints de l’Italie, qui sont en très grand nombre ; et ce n’est qu’après l’augmentation de la mer Méditerranée que, les eaux s’en étant rapprochées, ses éruptions se sont renouvelées. La mémoire des premières, et même de toutes celles qui avoient précédé le siècle de Pline, étoit entièrement oblitérée ; et l’on ne doit pas en être surpris, puisqu’il s’est passé peut-être plus de dix mille ans depuis la retraite entière des mers jusqu’à l’augmentation de la Méditerranée, et qu’il y a ce même intervalle de temps entre la première action du Vésuve et son renouvellement. Toutes ces considérations semblent prouver que les feux souterrains ne peuvent agir avec violence que quand ils sont assez voisins des mers pour éprouver un choc contre un grand volume d’eau : quelques autres phénomènes particuliers paroissent encore démontrer cette vérité. On a vu quelquefois les volcans rejeter une grande quantité d’eau, et aussi des torrents de bitume. Le P. de La Torre, très habile physicien, rapporte que, le 10 mars 1755, il sortit du pied de la montagne de l’Etna un large torrent d’eau qui inonda les campagnes d’alentour. Ce torrent rouloit une quantité de sable si considérable, qu’elle remplit une plaine très étendue. Ces eaux étoient fort chaudes. Les pierres et les sables laissés dans la campagne ne différoient en rien des pierres et du sable qu’on trouve dans la mer. Ce torrent d’eau fut immédiatement suivi d’un torrent de matière enflammée, qui sortit de la même ouverture.

Cette même éruption de 1755 s’annonça, dit M. d’Ar-