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THÉORIE DE LA TERRE.

cans actuellement agissants achève de le démontrer. Cependant, comme quelques physiciens ont nié la réalité et même la possibilité de cette communication des volcans à la mer, je ne dois pas laisser échapper un fait que nous devons à feu M. de La Condamine, homme aussi véridique qu’éclairé. Il dit « qu’étant monté au sommet du Vésuve, le 4 juin 1755, et même sur les bords de l’entonnoir qui s’est formé autour de la bouche du volcan depuis sa dernière explosion, il aperçut dans le gouffre, à environ quarante toises de profondeur, une grande cavité en voûte vers le nord de la montagne : il fit jeter de grosses pierres dans cette cavité, et il compta à sa montre douze secondes avant qu’on cessât de les entendre rouler ; à la fin de leur chute, on crut entendre un bruit semblable à celui que feroit une pierre en tombant dans un bourbier ; et quand on n’y jetoit rien, on entendoit un bruit semblable à celui des flots agités. » Si la chute de ces pierres jetées dans le gouffre s’étoit faite perpendiculairement et sans obstacles, on pourroit conclure des douze secondes de temps une profondeur de deux mille cent soixante pieds, ce qui donneroit au gouffre du Vésuve plus de profondeur que le niveau de la mer ; car, selon le P. de La Torre, cette montagne n’avoit, en 1755, que seize cent soixante-dix-sept pieds d’élévation au dessus de la surface de la mer ; et cette élévation est encore diminuée depuis ce temps. Il paroît donc hors de doute que les cavernes de ce volcan descendent au dessous du niveau de la mer, et que par conséquent il peut avoir communication avec elle.

J’ai reçu d’un témoin oculaire et bon observateur une note bien faite et détaillée sur l’état du Vésuve, le