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THÉORIE DE LA TERRE.

sin ; on pourroit même se tenir sur les bords du second, si la réverbération de la matière ardente ne l’empêchoit.

» Voilà l’état actuel du Vésuve, ce 15 juillet 1755 : il change sans cesse de forme et d’aspect ; il ne jette actuellement point de pierres, et l’on n’en voit sortir aucune flamme[1]. »

Cette observation semble prouver évidemment que le siége de l’embrasement de ce volcan, et peut-être de tous les autres volcans, n’est pas à une grande profondeur dans l’intérieur de la montagne, et qu’il n’est pas nécessaire de supposer leur foyer au niveau de la mer ou plus bas, et de faire partir de là l’explosion dans le temps des éruptions ; il suffit d’admettre des cavernes et des fentes perpendiculaires au dessous, ou plutôt à côté du foyer, lesquelles servent de tuyaux d’aspiration et de ventilateurs au fourneau du volcan.

M. de La Condamine, qui a eu plus qu’aucun autre physicien les occasions d’observer un grand nombre de volcans dans les Cordilières, a aussi examiné le mont Vésuve et toutes les terres adjacentes.

« Au mois de juin 1755, le sommet du Vésuve formoit, dit-il, un entonnoir ouvert dans un amas de cendres, de pierres calcaires, et de soufre, qui brûloit encore de distance en distance, qui teignoit le sol de sa couleur, et qui s’exhaloit par diverses crevasses, dans lesquelles la chaleur étoit assez grande pour enflammer en peu de temps un bâton enfoncé à quelques pieds dans ces fentes.

» Les éruptions de ce volcan sont fréquentes depuis

  1. Note communiquée à M. de Buffon, et envoyée de Naples, au mois de septembre 1755.