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ART. XVI. VOLCANS ET TREMBLEMENTS DE TERRE.

plusieurs années ; et chaque fois qu’il lance des flammes et vomit des matières liquides, la forme extérieure de la montagne et sa hauteur reçoivent des changements considérables… Dans une petite plaine à mi-côte, entre la montagne de cendres et de pierres sorties du volcan, est une enceinte demi-circulaire de rochers escarpés de deux cents pieds de haut, qui bordent cette petite plaine du côté du nord. On peut voir d’après les soupiraux récemment ouverts dans les flancs de la montagne, les endroits par où se sont échappés, dans le temps de sa dernière éruption, les torrents de lave dont tout ce vallon est rempli.

» Ce spectacle présente l’apparence de flots métalliques refroidis et congelés ; on peut s’en former une idée imparfaite en imaginant une mer d’une matière épaisse et tenace dont les vagues commenceroient à se calmer. Cette mer avoit ses îles : ce sont des masses isolées, semblables à des rochers creux et spongieux, ouverts en arcades et en grottes bizarrement percées, sous lesquelles la matière ardente et liquide s’étoit fait des dépôts ou des réservoirs qui ressembloient à des fourneaux. Ces grottes, leurs voûtes, et leurs piliers… étoient chargés de scories suspendues en forme de grappes irrégulières de toutes les couleurs et de toutes les nuances.

» Toutes les montagnes ou coteaux des environs de Naples seront visiblement reconnus à l’examen pour des amas de matières vomies par des volcans qui n’existent plus, et dont les éruptions antérieures aux histoires ont vraisemblablement formé les ports de Naples et Pouzzol. Ces mêmes matières se reconnoissent sur toute la route de Naples à Rome, et aux portes de Rome même…