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THÉORIE DE LA TERRE.

vées, sont des volcans qui, de temps à autre, jettent des flammes, et causent des tremblements de terre ; on en compte une vingtaine dans toute l’île. Les habitants des environs de ces montagnes ont appris, par leurs observations, que lorsque les glaces et la neige s’élèvent à une hauteur considérable, et qu’elles ont bouché les cavités par lesquelles il est anciennement sorti des flammes, on doit s’attendre à des tremblements de terre, qui sont suivis immanquablement d’éruptions de feu. C’est par cette raison qu’à présent les Hollandois craignent que les jokuts qui jetèrent des flammes, en 1728, dans le canton de Skatfield, ne s’enflamment bientôt, la glace et la neige s’étant accumulées sur leur sommet, et paroissant fermer les soupiraux qui favorisent les exhalaisons de ces feux souterrains.

En 1721, le jokut appelé Koëtlegan, à cinq ou six lieues à l’ouest de la mer, auprès de la baie de Portland, s’enflamma après plusieurs secousses de tremblement de terre. Cet incendie fondit des morceaux de glace d’une grosseur énorme, d’où se formèrent des torrents impétueux qui portèrent fort loin l’inondation avec la terreur, et entraînèrent jusqu’à la mer des quantités prodigieuses de terre, de sable, et de pierres. Les masses solides de glace et l’immense quantité de terre, de pierres, et de sable qu’emporta cette inondation, comblèrent tellement la mer, qu’à un demi-mille des côtes il s’en forma une petite montagne qui paroissoit encore au dessus de l’eau en 1750. On peut juger combien cette inondation amena de matières à la mer, puisqu’elle la fit remonter ou plutôt reculer à douze milles au delà de ses anciennes côtes.