Page:Buffon - Oeuvres completes, 1829, T02.djvu/401

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
395
85

découvert ; Délos avoit même le nom de Pélagia, comme ayant autrefois appartenu à la mer. Nous ne savons donc pas si l’on doit attribuer l’origine de ces treize îles nouvelles à l’action des feux souterrains, ou à quelque autre cause qui auroit produit un abaissement et une diminution des eaux dans la mer Méditerranée ; mais Pline rapporte que l’île d’Hiera près de Thérasie a été formée de masses ferrugineuses et de terres lancées du fond de la mer ; et dans le chapitre 89, il parle de plusieurs autres îles formées de la même façon. Nous avons sur tout cela des faits plus certains et plus nouveaux.

Le 23 mai 1707, au lever du soleil, on vit de cette même île de Thérasie ou de Santorin, à deux ou trois milles en mer, comme un rocher flottant : quelques gens curieux y allèrent, et trouvèrent que cet écueil, qui étoit sorti du fond de la mer, augmentoit sous leurs pieds ; et ils en rapportèrent de le pierre ponce et des huîtres que le rocher qui s’étoit élevé du fond de la mer tenoit encore attachées à sa surface. Il y avoit eu un petit tremblement de terre à Santorin deux jours avant la naissance de cet écueil. Cette nouvelle île augmenta considérablement jusqu’au 14 juin, sans accident, et elle avoit alors un demi-mille de tour, et vingt à trente pieds de hauteur ; la terre étoit blanche, et tenoit un peu de l’argile : mais après cela la mer se troubla de plus en plus, il s’en éleva des vapeurs qui infectoient l’île de Santorin ; et le 16 juillet on vit dix-sept ou dix-huit rochers sortir à la fois du fond de la mer ; ils se réunirent. Tout cela se fit avec un bruit affreux qui continua plus de deux mois, et des flammes qui s’élevoient de la nouvelle île ; elle