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celle-ci. Il y a ordinairement de vastes carrières auprès de toutes les grandes villes ; mais nous n’en parlerons pas ici en détail : d’ailleurs les ouvrages des hommes, quelque grands qu’ils puissent être, ne tiendront jamais qu’une bien petite place dans l’histoire de la nature.

Les volcans et les eaux, qui produisent les cavernes à l’intérieur, forment aussi à l’extérieur des fentes, des précipices, et des abîmes. À Cajeta en Italie, il y a une montagne qui autrefois a été séparée par un tremblement de terre, de façon qu’il semble que la division en a été faite par la main des hommes. Nous avons déjà parlé de l’ornière de l’île de Machian, de l’abîme du mont Ararath, de la porte des Cordilières et de celle des Thermopyles, etc. ; nous pouvons y ajouter la porte de la montagne des Troglodytes en Arabie, celle des Échelles en Savoie, que la nature n’avoit fait qu’ébaucher, et que Victor Amédée a fait achever. Les eaux produisent, aussi bien que les feux souterrains, des affaissements de terre considérables, des éboulements, des chutes de rochers, des renversements de montagnes, dont nous pouvons donner plusieurs exemples.

« Au mois de juin 1714, une partie de la montagne de Diableret en Valais tomba subitement et tout à la fois entre deux et trois heures après midi, le ciel étant fort serein. Elle étoit de figure conique ; elle renversa cinquante-cinq cabanes de paysans, écrasa quinze personnes, et plus de cent bœufs et vaches, et beaucoup plus de menu bétail, et couvrit de ses débris une bonne lieue carrée ; il y eut une profonde obscurité causée par la poussière : les tas de pierres