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THÉORIE DE LA TERRE.

plus minces que les lits qui forment la base de la montagne, mais ils sont aussi divisés par des fentes perpendiculaires si fréquentes, qu’ils ne peuvent fournir aucun morceau de longueur, mais seulement du moellon. Ces fentes perpendiculaires, qui sont en si grand nombre à la superficie, et qui ressemblent parfaitement aux gerçures d’une terre qui se seroit desséchée, ne parviennent pas toutes, à beaucoup près, jusqu’au pied de la montagne : la plupart disparoissent insensiblement à mesure qu’elles descendent ; et au bas il ne reste qu’un certain nombre de ces fentes perpendiculaires, qui coupent encore plus à plomb qu’à la superficie les bancs inférieurs, qui ont aussi plus d’épaisseur que les bancs supérieurs.

Ces lits de pierre ont souvent, comme je l’ai dit, plusieurs lieues d’étendue sans interruption : on retrouve aussi presque toujours la même nature de pierre dans la montagne opposée, quoiqu’elle en soit séparée par une gorge ou par un vallon ; et les lits de pierre ne disparoissent entièrement que dans les lieux où la montagne s’abaisse et se met au niveau de quelque grande plaine. Quelquefois entre la première couche de terre végétale et celle de gravier, on en trouve une de marne qui communique sa couleur et ses autres caractères aux deux autres : alors les fentes perpendiculaires des carrières qui sont au dessous sont remplies de cette marne, qui y acquiert une dureté presque égale en apparence à celle de la pierre, mais en l’exposant à l’air, elle se gerce, elle s’amollit, et elle devient grasse et ductile.

Dans la plupart des carrières, les lits qui forment le dessus ou le sommet de la montagne sont de pierre