Page:Buffon - Oeuvres completes, 1829, T02.djvu/419

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
413
85

tendre, et ceux qui forment la base de la montagne sont de pierre dure ; la première est ordinairement blanche, d’un grain si fin, qu’à peine il peut être aperçu : la pierre devient plus grenue et plus dure à mesure qu’on descend ; et la pierre des bancs les plus bas est non seulement plus dure que celle des lits supérieurs, mais elle est aussi plus serrée, plus compacte et plus pesante ; son grain est fin et brillant, et souvent elle est aigre, et se casse presque aussi net que le caillou.

Le noyau d’une montagne est donc composé de différents lits de pierre, dont les supérieurs sont de pierre tendre, et les inférieurs de pierre dure. Le noyau pierreux est toujours plus large à la base, et plus pointu ou plus étroit au sommet : on peut en attribuer la cause à ces différents degrés de dureté que l’on trouve dans les lits de pierre ; car comme ils deviennent d’autant plus durs qu’ils s’éloignent davantage du sommet de la montagne, on peut croire que les courants et les autres mouvements des eaux qui ont creusé les vallées et donné la figure aux contours des montagnes, auront usé latéralement les matières dont la montagne est composée, et les auront dégradées d’autant plus qu’elles auront été plus molles : en sorte que les couches supérieures, étant les plus tendres, auront souffert la plus grande diminution sur leur largeur, et auront été usées latéralement plus que les autres ; les couches suivantes auront résisté un peu davantage ; et celles de la base, étant plus anciennes, plus solides, et formées d’une matière plus compacte et plus dure, auront été plus en état que toutes les autres de se défendre contre l’action des causes exté-