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THÉORIE DE LA TERRE.

blant à travers les lits d’une carrière, et pendant le séjour qu’elles font dans les couches de marne, de pierre, de marbre, en détachent les molécules les moins adhérentes et les plus fines, et se chargent de toutes les matières qu’elles peuvent enlever ou dissoudre. Ces eaux coulent d’abord le long des fentes perpendiculaires ; elles pénètrent ensuite entre les lits de pierre ; elles déposent entre les joints horizontaux, aussi bien que dans les fentes perpendiculaires, les matières qu’elles ont entraînées, et elles y forment des congellations différentes, suivant les différentes matières qu’elles déposent : par exemple, lorsque ces eaux gouttières criblent à travers la marne, la craie, ou la pierre tendre, la matière qu’elles déposent n’est aussi qu’une marne très pure et très fine qui se pelotonne ordinairement dans les fentes perpendiculaires des rochers sous la forme d’une substance poreuse, molle, ordinairement fort blanche et très légère, que les naturalistes ont appelée lac lunæ ou medulla saxi.

Lorsque ces filets d’eau chargés de matière lapidifique s’écoulent par les joints horizontaux des lits de pierre tendre ou de craie, cette matière s’attache à la superficie des blocs de pierre, et elle y forme une croûte écailleuse, blanche, légère, et spongieuse. C’est cette espèce de matière que quelques auteurs ont nommé agaric minéral, par sa ressemblance avec l’agaric végétal. Mais si la matière des couches a un certain degré de dureté, c’est-à-dire si les lits de la carrière sont de pierre dure ordinaire, de pierre propre à faire de la bonne chaux, le filtre étant alors plus serré, l’eau en sortira chargée d’une matière lapidifique plus pure, plus homogène, et dont les molé-