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THÉORIE DE LA TERRE.

carrière même, et qu’on leur donnoit telle épaisseur que l’on vouloit, à peu près comme nous voyons que, dans les carrières de grès qui sont un peu profondes, on tire des blocs de telle épaisseur que l’on veut. Il y a d’autres matières où ces fentes perpendiculaires sont fort étroites : par exemple, elles sont fort étroites dans l’argile, dans la marne, dans la craie ; elles sont, au contraire, plus larges dans les marbres et dans la plupart des pierres dures. Il y en a qui sont imperceptibles et qui sont remplies d’une matière à peu près semblable à celle de la masse où elles se trouvent, et qui cependant interrompent la continuité des pierres ; c’est ce que les ouvriers appellent des poils : lorsqu’ils débitent un grand morceau de pierre, qu’ils le réduisent à une petite épaisseur, comme à un demi-pied, la pierre se casse dans la direction de ce poil. J’ai souvent remarqué, dans le marbre et dans la pierre, que ces poils traversent le bloc tout entier : ainsi ils ne diffèrent des fentes perpendiculaires que parce qu’il n’y a pas solution totale de continuité. Ces espèces de fentes sont remplies d’une matière transparente, et qui est du vrai sparr. Il y a un grand nombre de fentes considérables entre les différents rochers qui composent les carrières de grès ; cela vient de ce que ces rochers portent souvent sur des bases moins solides que celles des marbres ou des pierres calcinables, qui portent ordinairement sur des glaises, au lieu que les grès ne sont le plus souvent appuyés que sur du sable extrêmement fin : aussi y a-t-il beaucoup d’endroits où l’on ne trouve pas les grès en grande masse ; et, dans la plupart des carrières où l’on tire le bon grès, on peut remarquer qu’il est en cubes et en parallélipi-