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ART. VIII. PRODUCTIONS DE LA MER.

» M. de Jussieu croit que comme le lit de la mer hausse toujours par les terres, le limon, les sables que les rivières y charrient incessamment, des mers renfermées d’abord entre certaines digues naturelles sont venues à les surmonter, et se sont répandues au loin. Que les digues aient elles-mêmes été minées par les eaux, et s’y soient renversées, ce sera encore le même effet, pourvu qu’on les suppose d’une grandeur énorme. Dans les premiers temps de la formation de la terre, rien n’avoit encore pris une forme réglée et arrêtée ; il a pu se faire alors des révolutions prodigieuses et subites dont nous ne voyons plus d’exemple, parce que tout est venu à peu près à un état de consistance, qui n’est pourtant pas tel, que les changements lents et peu considérables qui arrivent, ne nous donnent lieu d’en imaginer comme possibles d’autres de même espèce, mais plus grands et prompts.

» Par quelqu’une de ces grandes révolutions, la mer des Indes, soit orientales, soit occidentales, aura été poussée jusqu’en Europe, et y aura apporté des plantes étrangères flottantes sur ses eaux ; elle les avoit arrachées en chemin, et les alloit déposer doucement dans les lieux où l’eau n’étoit qu’en petite quantité, et pouvoit s’évaporer. »

* Il me seroit facile d’ajouter à l’énumération des amas de coquilles qui se trouvent dans toutes les parties du monde, un très grand nombre d’observations particulières qui m’ont été communiquées depuis trente-quatre ans. J’ai reçu des lettres des îles de l’Amérique, par lesquelles on m’assure que presque dans toutes on trouve des coquilles dans leur état de na-