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THÉORIE DE LA TERRE.

ture ou pétrifiées dans l’intérieur de la terre, et souvent sous la première couche de la terre végétale : M. de Bougainville a trouvé aux îles Malouines des pierres qui se divisent par feuillets, sur lesquelles on remarquoit des empreintes de coquilles fossiles d’une espèce inconnue dans ces mers. J’ai reçu des lettres de plusieurs endroits des Grandes-Indes et de l’Afrique, où l’on me marque les mêmes choses. Don Ulloa nous apprend (t. III, p. 314 de son Voyage), qu’au Chili, dans le terrain qui s’étend depuis Talcaguano, jusqu’à la Conception, l’on trouve des coquilles de différentes espèces en très grande quantité et sans aucun mélange de terre, et que c’est avec ces coquilles que l’on fait de la chaux. Il ajoute que cette particularité ne seroit pas si remarquable, si l’on ne trouvoit ces coquilles que dans les lieux bas et dans d’autres parages sur lesquels la mer auroit pu les couvrir ; mais que ce qu’il y a de singulier, dit-il, c’est que les mêmes tas de coquilles se trouvent dans les collines à 50 toises de hauteur au dessus du niveau de la mer. Je ne rapporte pas ce fait comme singulier, mais seulement comme s’accordant avec tous les autres, et comme étant le seul qui me soit connu sur les coquilles fossiles de cette partie du monde, où je suis très persuadé qu’on trouveroit, comme partout ailleurs, des pétrifications marines, à des hauteurs bien plus grandes que 50 toises au dessus du niveau de la mer : car le même don Ulloa a trouvé depuis des coquilles pétrifiées dans les montagnes du Pérou à plus de 2000 toises de hauteur : et, selon M. Kalm, on voit des coquillages dans l’Amérique septentrionale, sur les sommets de plusieurs montagnes ; il dit en