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THÉORIE DE LA TERRE.

sés, et par dessus ce lit, une couche de 7 ou 8 pieds de terre et plus ; c’est à six lieues de distance de la mer, et ces coquilles sont de la même espèce que celles qu’on trouve actuellement dans la mer.

Au mont Gannelon près d’Anet, à quelque distance de Compiègne, il y a plusieurs carrières de très belles pierres calcaires, entre les différents lits desquelles il se trouve du gravier mêlé d’une infinité de coquilles ou de portions de coquilles marines très légères et fort friables : on y trouve aussi des lits d’huîtres ordinaires de la puis belle conservation, dont l’étendue est de plus de cinq quarts de lieue en longueur. Dans l’une de ces carrières, il se trouve trois lits de coquilles dans différents états : dans deux de ces lits elles sont réduites en parcelles, et on ne peut en reconnoître les espèces, tandis que dans le troisième lit, ce sont des huîtres qui n’ont souffert d’autre altération qu’une sécheresse excessive : la nature de la coquille, l’émail, et la figure sont les mêmes que dans l’analogue vivant ; mais ces coquilles ont acquis de la légèreté et se détachent par feuillets. Ces carrières sont au pied de la montagne et un peu en pente. En descendant dans la plaine on trouve beaucoup d’huîtres, qui ne sont ni changées, ni dénaturées, ni desséchées comme les premières ; elles ont le même poids et le même émail que celles que l’on tire tous les jours de la mer[1].

Aux environs de Paris, les coquilles marines ne sont pas moins communes que dans les endroits qu’on vient de nommer. Les carrières de Bougival, où l’on tire de la marne, fournissent une espèce d’huîtres

  1. Extrait d’une lettre de M. Leschevin à M. de Buffon, Compiègne, le 8 octobre 1772.