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ART. VIII. PRODUCTIONS DE LA MER.

avoir vu lui-même sur le sommet de la montagne Bleue. On en trouve aussi dans les craies des environs de Montréal, dans quelques pierres qui se tirent près du lac Champlain en Canada, et encore dans les parties les plus septentrionales de ce nouveau continent, puisque les Groenlandois croient que le monde a été noyé par un déluge, et qu’ils citent pour garant de cet événement, les coquilles et les os de baleine qui couvrent les montagnes les plus élevées de leur pays.

Si de là on passe en Sibérie, on trouvera également des preuves de l’ancien séjour des eaux de la mer sur tous nos continents. Près de la montagne de Jéniséik, on voit d’autres montagnes moins élevées, sur le sommet desquelles on trouve des amas de coquilles bien conservées dans leur forme et leur couleur naturelles : ces coquilles sont toutes vides, et quelques unes tombent en poudre dès qu’on les touche ; la mer de cette contrée n’en fournit plus de semblables ; les plus grandes ont un pouce de large, d’autres sont très petites.

Mais je puis encore citer des faits qu’on sera bien plus à portée de vérifier : chacun dans sa province n’a qu’à ouvrir les yeux, il verra des coquilles dans tous les terrains d’où l’on tire de la pierre pour faire de la chaux ; il en trouvera aussi dans la plupart des glaises, quoiqu’en général ces productions marines y soient en bien plus petite quantité que dans les matières calcaires.

Dans le territoire de Dunkerque, au haut de la montagne des Récollets, près de celle de Cassel, à 400 pieds du niveau de la basse mer, on trouve un lit de coquillages horizontalement placés et si fortement entassés, que la plus grande partie en sont bri-