Page:Buffon - Oeuvres completes, 1829, T02.djvu/62

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
56
THÉORIE DE LA TERRE.

coquilles marines trouvées dans une infinité d’endroits, tant en France que dans les différentes provinces de l’Europe ; mais ce seroit grossir inutilement cet ouvrage de faits particuliers déjà trop multipliés, et dont on ne peut s’empêcher de tirer la conséquence très évidente que nos terres actuellement habitées ont autrefois été, et pendant fort long-temps, couvertes par les mers.

Je dois seulement observer, et on vient de le voir, qu’on trouve ces coquilles marines dans des états différents : les unes pétrifiées, c’est-à-dire moulées sur une matière pierreuse ; et les autres dans leur état naturel, c’est-à-dire telles qu’elles existent dans la mer. La quantité de coquilles pétrifiées, qui ne sont proprement que des pierres figurées par les coquilles, est infiniment plus grande que celle des coquilles fossiles, et ordinairement on ne trouve pas les unes et les autres ensemble, ni même dans les lieux contigus. Ce n’est guère que dans le voisinage et à quelques lieues de distance de la mer, que l’on trouve des lits de coquilles dans leur état de nature, et ces coquilles sont communément les mêmes que dans les mers voisines : c’est au contraire dans les terres plus éloignées de la mer et sur les plus hautes collines que l’on trouve presque partout des coquilles pétrifiées, dont un grand nombre d’espèces n’appartiennent point à nos mers, et dont plusieurs même n’ont aucun analogue vivant ; ce sont ces espèces anciennes dont nous avons parlé, qui n’ont existé que dans les temps de la grande chaleur du globe. De plus de cent espèces de cornes d’ammon que l’on pourroit compter, dit un de nos savants académiciens, et qui se trouvent