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ART. VIII. PRODUCTIONS DE LA MER.

sieurs sommets et un grand nombre de pics qui ne sont composés que de granites et de rochers vitrescibles, dans lesquels on n’aperçoit aucun mélange, aucune empreinte de coquilles ni d’aucun autre débris des productions marines ; mais il y a un bien plus grand nombre de montagnes, et même quelques unes fort élevées, où l’on trouve de ces débris marins. M. Costa, professeur d’anatomie et de botanique en l’université de Perpignan, a trouvé, en 1774, sur la montagne de Nas, située au midi de la Cerdagne espagnole, l’une des plus hautes parties des Pyrénées, à quelques toises au dessous du sommet de cette montagne, une très grande quantité de pierres lenticulées, c’est-à-dire des blocs composés de pierres lenticulaires, et ces blocs étoient de différentes formes et de différents volumes ; les plus gros pouvoient peser quarante ou cinquante livres. Il a observé que la partie de la montagne où ces pierres lenticulaires se trouvent, sembloit s’être affaissée ; il vit en effet dans cet endroit une dépression irrégulière, oblique, très inclinée à l’horizon, dont une des extrémités regarde le haut de la montagne, et l’autre le bas. Il ne put apercevoir distinctement les dimensions de cet affaissement à cause de la neige qui le recouvroit presque partout, quoique ce fût au mois d’août. Les bancs de pierres qui environnent ces pierres lenticulées, ainsi que ceux qui sont immédiatement au dessous, sont calcaires jusqu’à plus de cent toises toujours en descendant. Cette montagne de Nas, à en juger par le coup d’œil, semble aussi élevée que le Canigou ; elle ne présente nulle part aucune trace de volcan.

Je pourrois citer cent et cent autres exemples de