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ART. IX. INÉGALITÉS DE LA TERRE.

que c’est une matière métallique fondue et calcinée à un feu très violent, et qui ressemble parfaitement à

    formé les grandes masses de grès qui composent le noyau de quelques unes de nos montagnes.

    Je suis donc très persuadé que toute la matière vitrescible dont est composée la roche intérieure du globe, et les noyaux de ses grandes éminences extérieures, ont été produits par l’action du feu primitif, et que les eaux n’ont formé que les couches inférieures et accessoires qui enveloppent ces noyaux, qui sont toutes posées par couches parallèles, horizontales, ou également inclinées, et dans lesquelles on trouve des débris de coquilles et d’autres productions de la mer.

    Ce n’est pas que je prétende exclure l’intermède de l’eau pour la formation des grès et de plusieurs autres matières vitrescibles ; je suis, au contraire, porté à croire que le sable vitrescible peut acquérir de la consistance, et se réunir en masses plus ou moins dures par le moyen de l’eau, peut-être encore plus aisément que par l’action du feu ; et c’est seulement pour prévenir les objections qu’on ne manqueroit pas de faire, si l’on imaginoit que j’attribue uniquement à l’intermède de l’eau la solidité et la consistance du grès et des autres matières composées de sable vitrescible. Je dois même observer que les grès qui se trouvent à la superficie ou à peu de profondeur dans la terre, ont tous été formés par l’intermède de l’eau ; car l’on remarque des ondulations et des tournoiements à la surface supérieure des masses de ces grès, et l’on y voit quelquefois des impressions de plantes et de coquilles. Mais on peut distinguer les grès formés par le sédiment des eaux, de ceux qui ont été produits par le feu : ceux-ci sont d’un plus gros grain, et s’égrènent plus facilement que les grès dont l’agrégation des parties est due à l’intermède de l’eau. Ils sont plus serrés, plus compactes ; les grains qui les composent ont des angles plus vifs, et en général ils sont plus solides et plus durs que les grès coagulés par le feu.

    Les matières ferrugineuses prennent un très grand degré de dureté par le feu, puisque rien n’est si dur que la fonte de fer ; mais elles peuvent aussi acquérir une dureté considérable par l’intermède de l’eau : je m’en suis assuré en mettant une bonne quantité de limaille de fer dans des vases exposés à la pluie ; cette limaille a formé des masses si dures, qu’on ne pouvoit les casser qu’au marteau.

    La roche vitreuse qui compose la masse de l’intérieur du globe est plus dure que le verre ordinaire ; mais elle ne l’est pas plus que cer-