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ART. IX. INÉGALITÉS DE LA TERRE.

En comparant ces mesures des montagnes de l’Amérique méridionale avec celles de notre continent, on verra qu’elles sont en général élevées d’un quart de plus que celles de l’Europe, et que presque toutes ont été ou sont encore des volcans embrasés ; tandis que celles de l’intérieur de l’Europe, de l’Asie, et de l’Afrique, même celles qui sont les plus élevées, sont tranquilles depuis un temps immémorial. Il est vrai que, dans plusieurs de ces dernières montagnes, on reconnoît assez évidemment l’ancienne existence des volcans, tant par les précipices dont les parois sont noires et brûlées, que par la nature des matières qui environnent ces précipices, et qui s’étendent sur la croupe de ces montagnes : mais comme elles sont situées dans l’intérieur des continents, et maintenant très éloignées des mers, l’action de ces feux souterrains, qui ne peut produire de grands effets que par le choc de l’eau, a cessé lorsque les mers se sont éloignées ; et c’est par cette raison que, dans les Cordilières, dont les racines bordent, pour ainsi dire, la mer du Sud, la plupart des pics sont des volcans actuellement agissants, tandis que depuis très long-temps les volcans d’Auvergne, du Vivarais, du Languedoc, et ceux d’Allemagne, de la Suisse, etc., en Europe ; ceux du mont Ararath en Asie, et ceux du mont Atlas en Afrique, sont absolument éteints.

La hauteur à laquelle les vapeurs se glacent, est d’environ 2400 toises sous la zone torride ; et en France, de 1500 toises de hauteur : les cimes des hautes montagnes surpassent quelquefois cette ligne de 8 à 900 toises, et toute cette hauteur est couverte de neiges qui ne fondent jamais ; les nuages (qui s’é-