Page:Buies - L'Outaouais supérieur, 1889.djvu/168

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À sa droite, on a la rive orientale où croît une forêt luxuriante et où se dressent lentement des coteaux portant un sol végétal rempli de promesses. À gauche se trouve la « réserve des Indiens, » où s’élève sur une petite hauteur, tout près de la rive, l’école sauvage destinée à donner les premiers rudiments de l’éducation à ces grossiers enfants de la nature.

C’est au moins un spectacle peu commun et des plus piquants, à coup sûr, que cette école de sauvages fondée par des blancs là où les blancs ont encore à peine pénétré. Aux confins déserts d’une province immense, dont pas même la centième partie n’est habitée, au-delà d’une région à peu près inconnue, où quelques rares colons ont dressé à la hâte un abri précaire, au-delà de l’immensité en apparence infranchissable des forêts, des lacs, des vallées mystérieuses et des plateaux à perte de vue, au-delà des plus lointaines retraites, inaccessibles jusqu’ici à toute communication, à tout contact du dehors et à toute civilisation, on découvre !… alors que le voyageur perdu dans sa pensée, cherche le secret de ces étranges courants qui portent et disséminent les hommes sur tous les points du globe, on découvre une école de sauvages organisée, agissante, bien réelle, de véritables petits Peaux-Rouges qui s’y rendent tous les jours, qui s’y tiennent assis sur des bancs