Page:Buies - L'Outaouais supérieur, 1889.djvu/253

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les vérités élémentaires de la religion qu’au moyen d’images sensibles, car ils ne comprennent absolument que ce qui tombe sous les sens, ce qui se voit ou se touche. Il est extrêmement difficile de leur faire exécuter des travaux manuels ; ils détestent de manier la hache et les instruments agricoles ; ce sont de grands enfants parvenus à l’âge d’homme, qui vivent au milieu d’un monde étranger dont ils ne peuvent prendre ni le tempérament ni les habitudes, ni comprendre la marche ascendante vers des conditions d’existence sans cesse améliorées. Leur candeur et leur honnêteté sont touchantes ; l’enfant de la nature ne connaît pas les artifices de la civilisation ; aussi les employés de la Compagnie de la baie d’Hudson aiment-ils mieux trafiquer avec les Indiens qui vivent au loin qu’avec ceux qui sont en contact fréquent avec les blancs ; ils redoutent bien moins de les voir recourir aux mille petits stratagèmes, aux mille petites ruses communément admises et tolérées dans les relations du trafic :

« Cette honnêteté, dit un voyageur, les accompagne jusque dans les bois et leur fait respecter les caches de vivres qu’ils trouvent au cours de leurs chasses. Si vous redoutez quelques déprédations, ils ne manquent pas de vous dire : Ne craignez rien, il ne passe pas de blancs ici. »[1]

  1. Quand un Indien va à la chasse aux animaux à fourrures, il tue tous ceux qu’il peut atteindre, en rassemble les peaux dans une écorce de bouleau, les met en paquet dans une cache, à