Page:Buies - L'Outaouais supérieur, 1889.djvu/302

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Ces pauvres gens ne s’accommodent guère mieux des progrès de la colonisation que les animaux auxquels ils font la guerre pour le profit des blancs. — Avec eux disparaîtra le type le plus pittoresque, qui tranche sur la fastidieuse uniformité des populations nord-américaines. En même temps que les plus imprévoyants des hommes, ils sont les plus probes, les plus sûrs et les plus confiants. Ce caractère est celui de toutes les tribus indiennes, à très peu d’exceptions près. Mackenzie raconte que M. Pond, un des marchands anglais qui faisaient le commerce de pelleteries, en 1780, dans le pays d’Athabaska, ayant acquis, par l’échange de ses marchandises, beaucoup plus de pelleteries qu’il ne lui en fallait pour charger ses canots, fut obligé de déposer toutes celles qu’il ne put embarquer, dans une des cabanes qu’il avait construites pour passer l’hiver ; et lorsqu’il y retourna l’année suivante, il les trouva dans le même état où il les avait laissées.

En Canada, le modèle par excellence de l’honnêteté indienne, c’est le sauvage « tête-de-boule » qui habite le territoire du Saint-Maurice. Quoique soumis aux lois, les Indiens les ignorent ou ne s’en occupent guère ; mais ils ont entre eux certaines conventions qui les lient bien plus étroitement que ne le feraient toutes les lois du monde, et auxquelles ils obéissent bien plus