Page:Buies - L'Outaouais supérieur, 1889.djvu/303

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fidèlement. Par exemple, s’il arrive à l’un d’eux de passer sur le terrain d’un autre, et qu’il y fasse la rencontre d’un castor, il peut le tuer et le manger, si la faim le presse ; mais il doit en porter la peau au poste le plus voisin et déclarer qu’il a tué l’animal sur le terrain d’un tel. Plus tard, le commis du poste remet à celui-ci la peau qui lui a été confiée. Cette convention ne s’applique pas à l’orignal qui est considéré comme un animal errant, la propriété de celui qui l’abat. Si vous êtes bon, généreux envers l’un d’eux, les sauvages le sauront tous en un clin d’œil et vous seront dévoués sans restriction ni arrière-pensée. Mais, en revanche, ils n’oublieront jamais le moindre mal que vous leur aurez fait. C’est grâce à ses procédés humains, à sa droiture, à sa manière d’agir souvent paternelle envers les sauvages, que la Compagnie de la baie d’Hudson a pu tenir si longtemps sous son contrôle un aussi vaste territoire que le sien. Mais la confiance du sauvage ne s’exerce qu’au sujet des choses qui sont à la portée de son intelligence ; il se refuse absolument à croire ce qu’il ne comprend pas, ce que ne lui atteste pas le témoignage de ses yeux, ou de la tradition ou des notions communes. M. Rankin, facteur de la Compagnie de la baie d’Hudson au Témiscamingue, nous racontait, lors de notre passage, qu’il n’avait jamais pu faire entrer dans la tête de plusieurs Indiens