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le produit de leurs exploits a été d’un demi-million de loups-marins, représentant une valeur de 8,500,000 francs. Depuis lors, le rendement de cette chasse a quelque peu diminué ; mais ce n’est pas le gibier qui diminue ni l’activité des hommes engagés à sa poursuite ; il n’y a là qu’un fait tout à fait normal, résultant de circonstances locales et temporaires.

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Devant les bénéfices imposants qu’ils réalisaient chaque année, et qui ne représentaient pas même le dixième de ce qu’ils auraient pu obtenir en faisant la chasse sur des bateaux à vapeur de construction spéciale, les Terre-Neuviens ne furent pas longtemps à se lasser de partir chaque printemps dans des goélettes qui avaient à se frayer un passage à travers les glaces, et à lutter contre les vents et les courants pour atteindre enfin, après bien des pertes de temps et souvent de magnifiques occasions manquées, les champs de chasse s’étendant au loin sous leurs regards. C’est en 1863, il y a aujourd’hui 37 ans, que l’on vit apparaître le premier steamer de chasse au milieu des champs de glace de l’Atlantique. Il ne devait pas rester longtemps seul, et, devant la toute-puissance de la vapeur, les voiles allaient bientôt se carguer et disparaître en grande partie.

Avant l’introduction des steamers, cent vingt voiliers quittaient annuellement le seul port de Saint-Jean de Terre-Neuve pour la chasse. Maintenant, on en voit partir au plus une demi-douzaine, mais les autres ports en fournissent encore un nombre assez respectable, quoique grandement diminué.