Page:Buies - La lanterne, 1884.djvu/13

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bien que M. le juge B… n’entend pas un mot. » — Éclats de rire dans l’auditoire.

Un huissier se rend chez un saisi, et comme il procède à la numération des meubles et effets, ce dernier lui applique une volée de taloches à faire frémir tout homme qui a la conscience du devoir.

L’huissier se plaint au tribunal, et le délinquant est condamné à trois shillings d’amende ; il avait négligé d’assommer tout à fait l’huissier ; ç’aurait fait un compte rond, et il eût été condamné à payer un dollar.

Un autre saisi, croyant profiter de cette règle, éreinte un autre huissier et soustrait en outre la plupart de ses effets pendant que celui-ci est sans connaissance. Traduit devant la cour, il est condamné à remettre les objets qu’il avait dérobés à la saisie.

Une seule difficulté se présentait, c’était de constater l’identité des objets ; rien que ça !

Le juge B…, l’autre jour, était furieux, ce qui lui arrive toutes les fois qu’il n’a pas avalé une bouteille d’eau de Plantagenet en se levant. L’avocat Per… plaidait devant lui. Le juge impatienté, ahuri, avant que l’avocat eût pu dire deux mots : « Asseyez-vous, asseyez-vous, dit-il, et finissez-en. » — « J’ai beaucoup d’obligation à Votre Honneur de sa complaisance, répond l’avocat, mais j’aime mieux plaider debout. »  

Un autre juge disait à un autre avocat peu célèbre qui déblatérait à tort et à travers : « Que venez-vous faire devant moi, espèce de moitié d’avocat ?… Pardon, Honneur, réplique celui-ci, je n’ai rien de coupé.

Le Journal de Trois-Rivières affirme solennellement que le libéralisme ne fait pas de progrès dans sa localité. J’ai toujours remarqué que c’est pour les choses les plus incontestables qu’on fait le plus de déclarations. Mais je n’ai jamais ouï dire que les gens qui avaient la teigne s’en vantassent dans les journaux.

Cette même feuille, à propos d’une lettre de Mazzini publiée dans le Pays, sans commentaire aucun, et seulement à titre de document contemporain, jette ces paroles terribles :

Que Mazzini parle de lancer ses cohortes de brigands contre le doux et sublime vieillard qui règne au Vatican ; qu’il ameute ses légions de sicaires contre une armée dans laquelle le Canada compte avec orgueil 300 de ses plus nobles enfants, oh ! alors, M. le rédacteur du Pays s’incline profondément. Il élèverait même un monument à cet infâme Mazzini si, vainqueur des troupes de la chrétienté, assassin de nos compatriotes, il promenait le ravage et la désolation dans la cité des Pontifes romains.

Ainsi osent se montrer devant nous, catholiques, ces lâches et sauvages démagogues. Le plus pur sang de la nation répandu fera leur joie pendant qu’ils