Page:Buies - La lanterne, 1884.djvu/19

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comme projetant de l’éclat sur tous nos compatriotes, et comme assignant à notre race le rang qu’elle a droit d’occuper sur cette terre… nous pouvons proclamer hautement notre ferme attachement à la constitution qui nous régit, et qui nous a valu cette reconnaissance de nos droits.

Je ne sais si ce discours était improvisé. Dans tous les cas, M. le Président aurait dû en faire un autre pour le public afin de lui expliquer si c’est notre attachement qui nous a valu cette reconnaissance de nos droits, ou si c’est la constitution. Si c’est notre attachement, il faut avouer que, comme tous les amoureux, nous restons aveugles devant l’ingratitude. Si c’est la constitution, reste à savoir quels droits on a pu nous reconnaître, quand on nous a enlevé celui d’élire notre conseil législatif, de nommer nos juges, de conduire nos affaires politiques, &… Peut-être est-ce celui de nommer un imprimeur de la reine ; mais jusqu’à présent, si ce droit a été reconnu, comme nous ne l’exerçons pas, il est inutile.

Peut-être le gouvernement local fera-t-il bientôt acte d’existence, et si c’est le propriétaire de la Minerve qui est nommé imprimeur officiel, il y aura de suite une nouvelle manifestation nationale, composée de huit membres de la société St. Jean-Baptiste et du dit propriétaire, pour faire voir combien le peuple entier est heureux sous la constitution qui le régit.

On n’empêchera jamais les jeunes gens d’encombrer les professions. « En effet, » dit le Journal de Québec, « ils finissent toujours par se procurer la somme requise pour leurs examens, en la demandant à des amis, à des protecteurs, ou à un travail forcé. »

Quand ils n’auront plus ni amis, ni protecteurs, et qu’ils ne pourront plus casser des pierres, ils se feront condamner à deux ans de pénitencier. Après tout, vaut autant commencer que finir par là, bien mieux même… quand on a de l’avenir ! Sous le régime de mœurs indulgentes qui a été inauguré par le gouvernement local, il est difficile que les jeunes gens ne reçoivent pas à leur sortie du pénitencier quelque emploi du gouvernement, si la clientèle leur manque.

Je conseille donc fortement ce moyen aux étudiants qui veulent réussir.

J’ai toujours remarqué, que les canadiens ont un amour prononcé pour le féminin ; c’est à ce sentiment sans doute qu’ils doivent leur autonomie nationale. Ainsi ils disent invariablement « la grande air, une belle hôtel, de la bonne argent » quand ils ne disent pas « des argents » grand Dieu ! Mais voilà le Journal de Québec, particulièrement attaché à la conservation de notre nationalité, qui trouve qu’il n’y a pas encore assez de féminin ; il dit : « Si cette impôt que l’on prélève est destinée… mais si elle vise à éloigner… nous la trouvons injuste et inutile. »

Impôt était pourtant le dernier mot à féminiser ; il est essentielle-