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L’intervention divine est ici évidente, palpable.

Une seule chose est à regretter, c’est que l’évêque, connaissant le moment précis où le soleil se montrerait, n’ait pas convoqué ses enfants la nuit. Avec quel éclat irrésistible sa puissance eût éclaté alors !

Excès d’humilité…

Mgr. a trouvé un autre moyen (n’allez pas de suite songer à vos bourses) de faire coopérer ses ouailles à l’œuvre du Concile. D’abord, l’œuvre du Concile, personne ne la connaît ; mais cela est indifférent, on coopère sans connaître. Il suffit d’être un homme de bonne volonté, — et ce moyen dont je parle, « c’est la savante prédication et la doctrine si bien expliquée qui se donnent au Gésu, et qui semblent être la mission spéciale de ce temple. »

Le Gésu ayant reçu la mission spéciale de bien expliquer la doctrine, il s’en suit que les autres églises n’ont pas reçu cette mission, ou ont reçu celle de mal l’expliquer.

C’est ce que j’admets à priori, mais je l’admettrais encore bien mieux pour le Gésu, dont toute la mission spéciale ne me paraît être que de taquiner sans cesse les Sulpiciens et de les supplanter, s’il est possible, pourvu que le soleil continue à s’en mêler.

Nous n’avons eu jusqu’à présent que les partis politiques, ou politico-religieux, ainsi dénommés : conservateur, libéral, ultra-conservateur et libéral-conservateur, enfin libéral-catholique ; cette dernière nuance représente ceux qui veulent la plus entière liberté d’opinion, pourvu qu’il n’y en ait aucune dans la manière de l’exprimer et surtout de la mettre en pratique.

Maintenant, nous allons avoir les partis religieux. D’un côté le Gésu, l’évêque, le soleil et le Nouveau-Monde, qui représente le reste du temple.

De l’autre la cathédrale, les Sulpiciens et la Minerve.

Je suis convaincu que c’est la fin du monde.

Mais ce ne sont pas là tous les faits et gestes de Monseigneur.

Comme il doit partir bientôt, je veux qu’il n’ait rien à me reprocher et qu’il constate avec quel empressement jaloux, avec quelle extase inquiète je suis chacun de ses pas.

Or donc, le 6 Janvier, après-midi, Monseigneur s’est rendu à l’Hôtel-Dieu,

« Où, suivant une touchante et pieuse pratique, Sa Grandeur a coutume d’aller tous les ans, à pareil jour, servir à la table les pauvres et les malades. Le pieux évêque était comme d’ordinaire, entouré et aidé des membres de la société de Saint-Vincent-de-Paul. » — Nouveau-Monde du 7.