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que les parlements français ne faisaient qu’enregistrer les édits du roi, et que celui de Québec enregistre les édits d’Ottawa et des évêques.

Lorsque cette question vint sur le tapis l’automne dernier, la Minerve avait trouvé justement la réponse qu’il faut. Je ne puis m’empêcher de la reproduire :

« Quand il n’y a plus en jeu qu’une question d’argent, ce n’est pas la nationalité qu’il faut invoquer, c’est la capacité. On dit que c’est M. Brydges qui va être le commissaire pour le Bas-Canada. Trouvez un homme plus expérimenté que lui dans les questions de chemin de fer ; tâchez surtout que ce soit un canadien-français, et si on ne le nomme pas, alors vous pourrez crier et nous crierons avec vous qu’on a commis une injustice.

« Dans une entreprise de la nature du chemin de fer intercolonial, où, une fois le tracé choisi, il ne reste plus que des intérêts matériels à régler, ce n’est pas de telle ou telle nationalité qu’il doit s’agir, c’est de savoir où est le plus capable et le plus habile de chaque province.

Quel est le canadien qui s’est fait une réputation dans les chemins de fer et dont les connaissances spéciales pourraient être utiles au pays pour le chemin de fer intercolonial ? En affaires comme en affaires. Pas de distinction de races où il n’en faut pas. »

Voilà. Ceci est tout bonnement irréfutable.

Mais si c’était moi qui l’eût dit, on m’aurait trouvé impie et surtout immoral. Le Nouveau-Monde, qui a appris à écrire dans le syllabus, eût même ajouté ignoble.

Que voulez-vous ? Rien n’est immoral, impie et ignoble, comme ce qu’on ne peut pas réfuter.

Je lis dans un journal étranger qu’une pétition demandant l’expulsion des Jésuites a été présentée à l’empereur de France.

J’y remarque les paroles suivantes :

« En vous demandant d’expulser les Jésuites de France, nous ne faisons que réclamer contre eux l’exécution d’une loi qui n’a jamais été révoquée. Le scandale honteux qu’ils viennent de donner à Bordeaux, et qui a attiré sur eux un châtiment bien mérité, démontre qu’ils ne reconnaissent d’autre autorité que la leur, et que le ministre de l’instruction publique reste désarmé devant leur puissance.

« Si de tels faits avaient eu lieu sous Napoléon I, leurs collèges eussent été fermés dans les vingt-quatre heures par le grand-maître de l’Université.

« Les Pères n’obéissent qu’à une autorité, celle de leur général qui, comme le pape, commande urbi et orbi, et devant qui le souverain qui les accueille ne devient qu’un instrument… & … »