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avait cette illusion, de croire à l’opinion publique et de vouloir l’attirer à lui.

Il disait par exemple « À jésuite jésuite et demi » ; mais comme il est impossible d’être jésuite et demi, que toutes ces petites manœuvres-là laissaient toujours voir le bout de la ficelle, et comme le libéral avait affaire à des gens beaucoup plus adroits que lui, il en résultait que cette rusée tactique nous faisait perdre du terrain tous les jours.

Aussi qu’étions nous devenus ? On ne comprenait même plus ce que signifiait le mot libéralisme et toute la polémique des journaux se réduisait à discuter le sens de cette expression, en l’obscurcissant de plus en plus.

Pourtant, c’était bien clair.

Le parti libéral boiteux, incertain, chancelant, presque anéanti par la confédération, faisait entendre ses derniers râles dans la mare où il s’éteignait.

Aujourd’hui, il commence à renaître, grâce au tableau navrant que nous offre le parlement provincial de notre complète nullité et de notre infériorité honteuse.

On leur met le nez dans leur pourriture, aux Canadiens, et ils commencent à sentir.

Jeunes gens, l’avenir est à vous ; assez des phraseurs, des discuteurs, des conciliateurs, des épargneurs, il faut maintenant des hommes d’action.

Arrivez, la baïonnette en avant, et faites une charge à fond de train.

Je vous dis que vous resterez les maîtres, que vous n’avez qu’à vous montrer, et vous pouvez m’en croire.

M. Tremblay, le député de Chicoutimi, veut à tout prix qu’il y ait un Canadien-français capable d’être commissaire du chemin de fer intercolonial.

Il nourrit de plus la douce illusion que le parlement de Québec puisse s’occuper de ce qui concerne directement notre province, et il a voulu faire des observations sur le choix arbitraire de M. Brydges qui nous est imposé par l’omnipotence fédérale, sans qu’on nous croie dignes d’être consultés.

M. Chauveau, qui est un grand ministre de province, l’a vite rappelé au sentiment de notre situation, en lui faisant comprendre que le parlement de Québec est comme les anciens parlements de France, sans aucune attribution politique, avec cette seule différence