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Godreau, en voyant la première anse de Saint-Alphonse et la qualité de son sol, s’éprit de ce lieu ; et, comme il ne cessait d’en parler et de le vanter auprès de ses compagnons, ceux-ci donnèrent à cette anse le nom « d’Anse à Benjamin, » nom qui lui est resté. Mais François Guay, surnommé on ne sait pourquoi « Caille, » s’éprit d’un autre endroit situé le long du Saguenay, à l’entrée de la Grande Baie, et comme il voulait absolument y bâtir un moulin sur un ruisseau qui s’y trouvait, on donna à ce ruisseau le nom de « Ruisseau Caille. »

Le 20 octobre, 1838, arriva à la Grande Baie une goëlette qui venait de la Malbaie avec quarante-huit personnes, tant hommes que femmes et enfants. Dans ce nombre se trouvaient plusieurs familles qui venaient s’établir au Saguenay, mais uniquement avec l’intention de « faire la pinière, » comme on disait alors. Chacun se construisit du mieux qu’il put une petite maison en bois rond et couverte d’écorce de bouleau, n’ayant que quelques ouvertures étroites pour laisser pénétrer la lumière.

À la chute des premières neiges d’automne, les hommes se hâtèrent aux travaux des bois et commencèrent leurs chantiers. Ils bâtirent même un moulin à scie pendant l’hiver.

Les jours de travail passaient rapidement, tant les pionniers mettaient d’ardeur dans leur entreprise, et l’ennui ne venait guère les tourmenter alors qu’ils