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pour assurer les communications, l’un entre le Lac et Chicoutimi ou la Grande Baie, l’autre entre ces deux derniers endroits, et un troisième enfin entre le Lac et Québec même, la capitale de la Province.

Terminons ce rapide exposé de la fondation d’Hébertville par les lignes suivantes empruntées au rapport fait en 1868 par M. Siméon Lesage, chef de cabinet au Département de l’Agriculture et des Travaux Publics :

« Il faut avoir parcouru cet espace de trente-six milles qui s’étend entre Hébertville et Chicoutimi pour se faire une idée des misères et des fatigues qu’ont endurées les intrépides colons de ce pays jusqu’à ces années dernières. Il faut surtout avoir entendu de leur propre bouche les récits émouvants qu’ils en font. Dans les premiers temps, quand tout leur manquait, c’était à Chicoutimi et à la Grande Baie qu’il leur fallait aller chercher leurs approvisionnements.

« Ces rudes commencements leur ont porté bonheur, la Providence s’est laissé toucher par tant de courage ; aujourd’hui ils peuvent se suffire à eux-mêmes. Il ne leur manque plus qu’un médecin ; j’espère qu’ils n’en seront pas longtemps privés maintenant, car il y a là de quoi tenter l’ambition des jeunes gens de la Faculté qui cherchent à s’établir. Il ne s’agit pas seulement d’Hébertville, mais encore de tous les établissements qui se trouvent au-delà dans toutes les directions. Un bon médecin qui s’y établirait porterait secours à bien des misères et acquerrait en peu d’années une position fort enviable.[1]

« La plupart des colons d’Hébertville sont venus des comtés de l’Islet et de Kamouraska ; il suffit de jeter un coup-d’œil sur leurs maisons, leurs granges et leurs clôtures pour le reconnaître. On en compte cependant un certain nombre qui sont originaires du comté de Charlevoix. À la sortie de l’église, je pris un intérêt extrême à examiner cette population ; je fus frappé de son allure vive et intelligente. Loin d’avoir altéré ses traits, le travail et les fatigues lui ont imprimé un cachet d’énergie et de fierté que l’on trouve rarement à un degré pareil. C’est d’ailleurs un fait incontestable que les

  1. C’est ce qui a eu lieu depuis.