Page:Bulletin de la société des historiens du théâtre, année 5, n°3-4.djvu/4

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Un seul motif peut, à mon avis, justifier la préférence accordée au texte primitif si la seconde version n’a pas été librement consente par l’auteur, si les remaniements lui ont été plus ou moins imposés par quelque influence extérieure, alors il est équitable, U est conforme à la saine critique de les rejeter, au moins de reléguer en note ces apports étrangers qui déngurent l’oeuvre. La seconde version des Caprices est-elle dans ce cas?

M. Emile Henriot ne semble pas le croire dans son article du Temps; « ~Hssef comme on !e lit e< comme on 7e y<we (28 août 1934), il présente le remaniement de 1851 comme le résultat d’un effort volontaire et réfléchi du poète. Lorsque Mme Allan eut fait applaudir pour la première fois en 1847 une comédie de Musset, <: il entreprit, écrit M. Henriot, de remanier pour la représentation quelques-unes de ses comédies les Caprices de Marianne étaient du nombre. Il est toutefois < évident que « la préoccupation de la censure » fut pour quelque chose dans les « atténuations des Caprices > ’est-ce vraiment assez dire?

M. Michaut était allé beaucoup plus loin. S’il préférait, pour des raisons d’art et de goût, la première version à la seconde, moins poétique. moins vraisemblable. moins dramatique. moins symbolique il ajoutait que Musset n’avait pas de gaité de coeur <: édulcoré sa pièce jusqu’à lui enlever tout son sens profond > les corrections ont été « imposées » au poète, les changements sont « des changements forcés ». Seulement, M. Michaut ne désigne pas le coupable; il allègue bien les <: nécessités matérielles et les « nécessités morales l’impossibilité de changer neuf fois de décor et le risque de choquer la pudeur, la dévotion et le bon goût des spectateurs; mais qui donc fit valoir auprès du poète ces necessités-Ia? S’est-il soumis de lui-même et par un simple effort de réflexion, ou bien a-t-il écouté quelque voix étrangère? A quel moment? Quelle est la date, la nature, l’origine de la pression qui s’exerça sur lui?

Un document va nous permettre de répondre; c’est le rapport, ou plutôt la condamnation, qu’on peut lire aux Archives Nationales (F=", 966, n° 341; minute du 23 janvier 1851, copie du 25)