Page:Bulletin de la société géologique de France - 1re série - 4 - 1833-1834.djvu/170

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sous l’horizon de ces formations secondaires postérieures au grès rouge.

Il y a quatre ans, lors de la publication de mon ouvrage sur le N.-O. de l’Allemagne, ce fait m’obsédait l’esprit ; néanmoins je me contentai d’en parler brièvement et avec retenue, parce qu’il est plus difficile de combattre par des observations de détails une hypothèse ingénieuse, que de l’énoncer en peu de mots, et de lui donner accès dans l’opinion des savans. D’ailleurs M. de Beaumont n’avait pas encore communiqué au public ses idées sur les périodes du soulèvement des chaînes, d’où il découle clairement que la seule formation des mélaphyres n’a pas pu causer la formation de différentes lignes de montagnes. Quoi qu’il en soit, la découverte des mélaphyres et des accidens qui les accompagnent dans les Alpes, reste pour cette chaîne une observation pleine de conséquences intéressantes, et il est à souhaiter qu’on poursuive les recherches dans cette nouvelle voie ouverte par M. de Buch.

Pour contribuer à l’avancement de cette partie de la science géologique, je consacrai à mon retour d’Italie, en 1832, quelques jours à l’examen des environs de Lugano, ayant à la main la belle carte géologique de M. de Buch.

En suivant la grande route de Mendrisio à Lugano, on voit ressortir immédiatement après Capo di Lago, comme l’indique la carte, la première masse de porphyre sous des rochers escarpés de calcaire. La première roche porphyrique que nous en observâmes était un argilolite porphyrique d’une teinte rouge clair à cristaux de feldspath d’un rouge plus foncé et très riche en grains informés de quarz à éclats gras. Un peu plus loin la constitution du porphyre se modifie très sensiblement, car, sans changement dans la pâte, le quarz y diminue rapidement et disparaît enfin tout-à-fait. À sa place apparaissent, en grande quantité, de petites taches talqueuses verdâtres grises ; il se montre çà et là des écailles de chlorite ou de mica un peu foncé, accident que j’ai remarqué dans plusieurs localités, où le porphyre quarzifère se trouve réuni en une seule masse avec celui sans quarz.

Il devient donc déjà difficile et arbitraire de savoir si l’on doit admettre dans ce lieu comme roche dominante le porphyre ou le mélaphyre ; néanmoins à cet égard on trouve des indications ultérieures dans la grande masse de mélaphyre indiquée par M. de Buch, le long du bord oriental du lac. Elle est séparée de la petite île porphyrique de Capo di Lago, par un éperon calcaire sur lequel sont bâties auprès du lac les maisons éparses de Melano ; puis en-deçà du petit torrent de Viggarole, le mélaphyre s’élève comme