Page:Bulletin de la société géologique de France - 1re série - 4 - 1833-1834.djvu/284

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les deux plus grands cours d’eau du bassin du Roussillon, le Tet et le Thec.

« Sur la demi-hauteur du bassin de Bages existent des sources jaillissantes naturelles très abondantes et très profondes, connues dans le pays sous le nom d’A    -Mata ; cachées souvent par une brillante végétation, elles offrent quelque danger au voyageur qui visite sans guide cette contrée. La commune de Bages avait tenté d’utiliser ces sources, en faisant construire à grands frais une fontaine ; mais, par l’effet de différentes causes, elle s’est tarie, et la commune était restée depuis long-temps privée d’eau potable.

« C’est dans ces circonstances que MM. Durand père et fils ont entrepris sur leur propriété de Bages, deux sondages, dont les journaux quotidiens ont fait connaître les heureux résultats. Ces deux puits fournissent maintenant à la commune toutes les eaux nécessaires à ses besoins, et lui permettent de pouvoir encore les faire servir aux irrigations.

« Le premier sondage n’a été poussé que jusqu’à 25 mètres 98 c. au-dessous du sol. Il a procuré une source jaillissante dont la température a offert, le 4 décembre 1833, 15° 80 centigrades, exactement celle des sources jaillissantes naturelles, pendant que la température de l’air à l’ombre marquait seulement 11°. Cette source fournit une eau limpide, bonne à boire, qui dissout bien le savon, et cuit parfaitement les légumes ; elle est assez abondante pour subvenir aux besoins du village. Après ce premier succès, M. Eugène Durand pensa qu’en poussant le sondage plus avant, on rencontrerait probablement des eaux plus abondantes et s’élevant avec une force ascensionnelle plus considérable : mais pour ne pas compromettre ce premier succès, il fit pratiquer un second trou de sonde à deux mètres seulement du premier, par lequel il rencontra, à 47 m. 10, un niveau d’eau très abondant, qui s’éleva avec une force si grande que les ouvriers en furent épouvantés. Depuis cette époque (28 août 1833) elle s’écoule avec la même abondance et la même rapidité, et sa force ascensionnelle est très grande ; on pense qu’elle pourrait s’élever à plus de 50 pieds ; jusqu’à présent elle s’est toujours élevée plus haut que les tuyaux qu’on a placés au-dessus de la colonne.

« Le diamètre du trou de sonde est de 0 m. 108 (4 pouces), et la colonne fournit 2,000 litres cubes d’eau par minute, ou 2,880 mètres cubes par jour. Aussi donne-t-elle lieu à un ruisseau assez considérable. La température de cette source, plus profonde que la première de 21 m. Il est aussi plus élevée ; elle est de 17° 10 centigrade ; l’eau en est claire et limpide ; mais lorsqu’on la boit au