Page:Bulletin de la société géologique de France - 1re série - 4 - 1833-1834.djvu/310

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en quelque sorte du doigt le sens de la pente que le rabattement supposé viendra de faire disparaître ; elles conserveront l’empreinte variée de tous les détails topographiques de la surface, qu’elles déroberont à nos regards, et le contraste de cette variété avec l’uniformité des basaltes, rabattus de même, sera le témoignage irrécusable d’une différence essentielle dans les phénomènes auxquels les deux classes de masses doivent leur origine, et de la nécessité de recourir à l’hypothèse d’un grand phénomène mécanique pour expliquer un fait dont les seuls phénomènes de fusion et de consolidation ne peuvent nous donner la clef.

La plupart des coulées sorties sur les flancs de l’Etna, du pied de ces cônes de scories semblables à nos Puys, qui s’y élèvent au nombre de 60 à 80, pourraient de même être transportées sur les flancs du Cantal ; et, indépendamment de ce qu’elles y donneraient lieu, de leur côté, a des remarques et à des conclusions tout-à-fait semblables à celles que je viens d’exposer, on pourrait remarquer que même les plus grandes paraîtraient peu considérables, à côté des plateaux inclinés qu’elles couvriraient en partie. La coulée sortie en 1669 près de Nicolosi a été une des plus volumineuses que l’Etna ait produites ; et, d’après les calculs de Borelli, corrigés par l’abbé Ferrara (Descrizzione dell’ Etna, p. 107), son volume est d’environ 600,000,000 de mètres cubes. Par conséquent, en la supposant étendue sur un triangle de 20,000 mètres de longueur (longueur qui est moindre que celle de la plupart des secteurs basaltiques du Cantal), et en supposant son épaisseur moyenne réduite à10 mètres, sa plus grande largeur ne serait que de 6,000 mètres, sa surface moyenne serait moindre que celle d’un des plus petits secteurs du Cantal, celui qui est compris entre les vallées de Falgoux et des Maronies. Il faudrait au moins 20 coulées pareilles pour revétir d’une couche de 20 mètres d’épaisseur la surface des secteurs basaltiques du Cantal ; peut-être en faudrait-il plus de 100 pour représenter la masse des basaltes qui s’élèvent obliquement sur ses flancs ; et comme les parties d’une capacité basaltique sont, jusqu’à un certain point, une rareté dans les laves de l’Etna, on peut juger, d’après ce calcul, que si les coulées de l’Etna venaient à être réduites à celles de leurs parties qui peuvent être comparées plus ou moins exactement au basalte, elles ne formeraient plus qu’un infiniment petit par rapport à la couverture basaltique du Cantal.

L’opposition de caractères que je viens de rendre sensible au Cantal, à l’aide d’un transport idéal, existe en réalité dans les