Page:Bulletin de la société géologique de France - 1re série - 4 - 1833-1834.djvu/311

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Monts Dore, sur une échelle moindre, à la vérité, mais d’une manière qui parait être encore très frappante. Pourquoi, en effet, ces petites coulées trachytiques, signalées par MM. Fournet et Burat comme sorties des flancs postérieurs des rocs de Cliergue et de Cuzeau, et comme ayant coulé sur les plateaux trachytiques inclinés, conservent-elles, dans toute leur manière d’être, l’empreinte du mouvement, tandis que les grandes nappes trachytiques dont : elles suivent l’inclinaison n’en présentent aucune trace ? Cela ne provient-il pas évidemment de ce qu’au moment où ces petites coulées se sont épanchées, les assises trachytiques, sur la surface desquelles elles ont coulé avaient déjà contracté une inclinaison qu’elles ne présentaient pas au moment où elles se sont elles-mêmes solidifiées ?

Il résulte d’un grand nombre de remarques consignées par l’abbé Ferrara, dans son ouvrage intitulé : I campi Flegrei della Sicilia, qu’une opposition du même genre existe tout autour de l’Etna, entre les laves qu’il a vomies et les basaltes qui font partie de sa base, tels que ceux des iles Cyclopes, et cette même opposition de caractères se présente aux environs de Clermont, entre les laves qui sont descendues de la chaîne des Puys dans les vallons qui débouchent vers la Limagne et les basaltes généralement horizontaux qui forment comme les chapiteaux des collines calcaires ou granitiques entre lesquels débouchent ces mêmes vallons. Les coulées modernes sont ici scoriacées jusqu’à leur extrémité inférieure, et leur pente moyenne varie de 2 à 7° ; les basaltes, au contraire, sont généralement compactes et horizontaux. La différence s’explique d’elle-même, lorsqu’on remarque que les basaltes se sont solidifiés dans la position horizontale où nous les trouvons, tandis que la porosité des laves est une conséquence naturelle de la déclivité des pentes dont elles n’ont pas atteint l’extrémité.

Un seul des lambeaux basaltiques des environs de Clermont fait peut-être exception à l’horizontalité générale des autres[1] ; c’est celui qui forme le cap de Prudelle, sur la route de Clermont à

  1. Un excellent observateur, M. le comte de Montlosier, a été frappé il y a déjà bien des années de ce fait, que le basalte de Prudelle présente, dans sa manière d’être comparée a celle des autres basaltes des environs de Clermont, une circonstance exceptionnelle ; Voici comment il s’exprime à ce sujet dans son ouvrage sur les volcans de l’Auvergne. « Cette montagne, qui forme une arête longue et étroite du couchant à l’orient, devient fort intéressante dans la partie de la grande route qui la traverse et où commence ce qu’on appelle le Grand-Tournant. La lave ne repose là que sur un granite friable, et encore se trouve-t-il entre deux une couche de détritus volcaniques scorifiés ; ce qui fait qu’à cet endroit le rocher de lave, dont une partie a dévalé dans la gorge, s’est affaissé considérablement. La montagne commence à prendre un col, et il ne s’en faut plus que de quelques pieds pour que la montagne. qui tient encore au continent supérieur, ne fasse plus qu’une masse isolée et détachée. »