Page:Bulletin de la société géologique de France - 1re série - 4 - 1833-1834.djvu/331

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Dolomieu termine cette trop courte note par ces lignes remarquables : « En faisant une semblable analyse des faits que présente la vallée de Mural, au pied du Cantal, j’y trouverai une succession des mêmes accidens ; je les trouverais semblables dans une infinité d’autres vallées du Mont Dore

Depuis trente-six ans, quelques uns des aperçus de Dolomieu, sur le bassin du Puy, ont été rectifiés, mais la partie principale a été vérifiée et rendue beaucoup plus précise, ainsi qu’on peut le voir dans l’ouvrage classique de M. Bertrand Roux de Doue (Description géognostique des environs du Puy en Velay), et dans celui de M. Burat.

M. Bertrand Roux conclut (p. 177) que le lac sous les eaux duquel les brèches volcaniques (tufs) ont été formées aurait en dix lieues carrées de surface (5 lieues de long sur 2 lieues de large), et (p. 198) que ses eaux s’élevaient au moins (d’après la position des tufs les plus élevés), à 270 m. au-dessus de l’Hôtel-de-Ville du Puy, ou à 309 m. au-dessus du fond du bassin, dans lequel les tufs se sont entassés ; il entrevoit même la possibilité que les eaux de ce lac se soient élevées à 463 m. au-dessus du fond du bassin.

Le terrain de transport ancien, qui dans les environs de Paris a comblé les principales inégalités de la vallée diluvienne où la Seine serpente aujourd’hui, et les a remplacées par des dépôts unis en dessus, et convexes en dessous, nous offre des images en petit du genre d’accumulation qui s’est produit dans le bassin du Puy, auxquelles il ne manque, pour être complètes, que de présenter des assises régulières de roche solides.

Si on prend en considération l’analogie entrevue par l’œil perçant de Dolomieu, entre les tufs volcaniques du bassin du Puy, et ceux qui jouent un si grand rôle, dans la composition, du Cantal et du mont Dore ; si on remarque qu’ils alternent de même avec des assises de matières fondues ; si surtout on a vérifié par ses propres yeux, ces similitudes de structure, on voit qu’il s’est formé dans le bassin du Puy une accumulation de matières volcaniques comparable par sa nature et son étendue, et qui aurait pu être presque égale en épaisseur à celles dont le Cantal, le Mont Dore et le Mezenc nous offrent les lambeaux. On voit même que si le bassin du Puy, s’étant trouvé dépourvu d’issue, les matières volcaniques avaient pu le combler à la hauteur indiquée ci-dessus, et si plus tard il s’y était opéré un soulèvement, il en serait résulté un massif qui ne différerait du Cantal que par l’absence des trachytes.