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grégation du bienheureux Aubin, évêque d’Angers : pleine victoire sur l’ennemi, et pour cette victoire, la couronne.

« L’autorité apostolique nous enseigne que prier les uns pour les autres, porter les fardeaux l’un de l’autre, c’est accomplir la loi du Christ.

« C’est pourquoi, nous, serviteurs du Christ, nous efforçant avec une pieuse sollicitude d’accomplir cette loi chrétienne, nous vous annonçons la mort du seigneur Marbode, vénérable évêque dont la mémoire sera toujours honorée : sa parole était charmante, sa religion éclatante, ses mœurs pleines d’honnêteté et de distinction ; il était profondément érudit dans la science des belles-lettres, sa conversation était remplie de sel, et ses discours coulaient de ses lèvres plus doux que le miel, et bien que de son temps il ne fut bruit, en Gaule, que d’études et de travaux de toutes sortes, il était sans conteste au sommet et proclamé par tous roi des lettres et de l’éloquence gallicanes. Or, le trois des ides de septembre, malade de corps, mais l’esprit plein de force, mourant a ce monde, pour vivre dans Jésus-Christ, il nous a quittés, il nous a laissés accablés d’une intolérable douleur, nous qu’il avait habitués à l’aimer par dessus tout.

« Après s’être longtemps adonné à l’étude et à la pratique des belles-lettres, qui florissaient de tout côté ; après s’être rendu célèbre à juste titre et s’être acquis une immense renommée comme maître des écoles de la ville d’Angers, il fut élu évêque du siège de Rennes et sacré par le très-révérend pape Urbain, durant le concile de Tours. Armé du glaive de l’Esprit-Saint, il porta pendant vingt-huit années cette dignité ou plutôt ce fardeau, au milieu d’un peuple barbare, dont la férocité ne connaissait que les armes. Gouverneur fidèle et prudent, il courba des fronts orgueilleux sous ses justes censures, et à force de raisons, de prières, de sollicitations, il rétablit la paix. Enfin, arrivé au terme de la vieillesse, plein