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un voyage

femmes sous la belle tente. Des encensoirs fument ; partout des ottomanes de brocart d’or, des tapis de soie et d’or, des draperies tissées d’or, des fleurs dans des vases d’or. C’est un peu des Mille et une Nuits. Des esclaves offrent des sorbets, On finit à peine de voir toutes les merveilles, qu’au seuil de la tente paraît un sultan vêtu surtout de pierreries. Une éblouissante suite orientale l’accompagne. Le sultan, c’est encore l’Électeur. Il jette le mouchoir à Aurore, qui le ramasse fièrement, tous deux s’installent sur un trône. On renouvelle l’encens des braseros qui répandent de plus pénétrantes fumées, on sème plus de fleurs, les esclaves circulent portant de folles confitures sur des plateaux d’or. Les seigneurs turcs et les dames réunis autour du trône admirent et flattent. Cependant les ballerines de la Cour vêtues en bayadères dansent au milieu des parfums.

Puis le sultan se lève et emmène sa favorite vers une gondole. Longue et lente promenade sur l’étang qui brille de couleurs, et où les musiciens bizarrement costumés font un concert jusqu’à l’heure mélancolique du crépuscule.

Alors on rentre au château. Auguste conduit Mlle de Kœnigsmark aux appartements qu’il a fait meubler pour elle. Dans la chambre les tentures sont de damas « aurore » et brodées d’argent, le lit est couvert de sculptures qui représentent les amours d’Aurore et de Tithon. Que d’ouvriers et d’artis tes se sont efforcés, hâtés, afin que tout fût prêt pour ce jour délicieux !