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moritzbourg

On se quitte, il faut changer de toilette, l’heure du souper approche. Au souper, Aurore trouve sur son assiette un bouquet de diamants, d’émeraudes, de saphirs, de rubis et de perles incomparables. Après le souper vient un bal fantastique. Et lorsqu’ils ont dansé à leur plaisir, Auguste et Aurore s’esquivent comme de jeunes mariés.

Incessamment renouvelées et enchaînées, les fêtes de ces noces durèrent quinze jours. C’est ainsi qu’Auguste surnommé le fort, non pour avoir vaincu beaucoup d’ennemis, mais parce qu’il pouvait tordre entre ses mains un fer à cheval, témoignait son amour et apprenait au monde qu’une belle lui avait rendu les armes.

Et la belle ? Tout ce fracas ne lui causait-il pas quelque honte ? Nullement ! Elle était une Kœnigsmark, et les gens de cette race ont dans le sang le goût de la bataille, un haut orgueil et la certitude que les lois communes ne sont pas faites pour eux.

Curieuses gens, ces Kœnigsmark, et qui valent bien qu’on s’arrête un peu à les regarder. D’ailleurs, ne sont-ils pas mêlés, de plus d’une manière, à la gloire française.

La famille de cette belle Aurore, pour l’amour de qui l’Électeur de Saxe se grimait en satyre, est d’origine allemande, et fort ancienne. Dès le XIVe siècle, elle produit constamment des hommes d’une bravoure sauvage et qui, servant tous les princes n’appartiennent à aucun. Mais les Kœnigsmark n’entrent véritablement dans l’histoire qu’avec Christophe-Jean, lequel en 1630, quittant le duc