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un voyage


bruit frais et monotone, où l’été ne finit pas. La Haye, c’est une ville destinée au repos des rois… Je serais fort empêchée, s’il fallait m’expliquer là–dessus. Ainsi l’aurait été Renée Mauperin, de dire pourquoi Venise demeurait en sa pensée le cimetière des musiciens. Ce sont là folies de femmes.

L’image résiste même à la visite du palais royal l’un des plus affreux qui soient. — Ah ! les terribles cadeaux ! Les malachites russes, les mosaïques italiennes, et nos Sèvres, hélas ! Pourtant, ce palais morose ne détruit pas ma vision d’une charmante reine oisive et pensive jouant avec des colliers sans prix au bord de la fenêtre ouverte sur le jardin odorant. D’ailleurs, si je ne puis guère la loger là, il est d’autres lieux. Et, par exemple, la « maison du bois » rêveuse entre ses fleurs, ses vieux arbres, et habitée par un silence où l’on croit percevoir des rythmes secrets.

Dans cette demeure pleine de laques, de porcelaines, de dorures riches et discrètes, de peintures et d’objets singuliers venus de l’Est, on rencontre des bandes de Cooks auxquelles un guide explique sommairement tout ce qu’elles ont besoin de savoir sur cette intéressante personne, Amélie de Solms, qui commença de parer la maison délicieuse. Les Cooks regardent sans comprendre, sortent avec un grand bruit de semelles. Aussitôt l’artificieux silence se rétablit et l’image de souverains qui se reposent de la molle fatigue de pouvoir tout, revient et vous enchante.

Elle me suit dans le parc où des canaux recti-