Page:Bunyan - Le pelerinage du chretien a la cite celeste.djvu/196

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tourne le dos à Sion, et qui vient au-devant de nous.

Grand-Espoir. Je le vois bien. Pour cette fois, prenons garde à nous, de peur qu’il ne nous égare, comme Flatteur. Athée, c’était le nom de cet homme, après avoir fait encore quelques pas, se trouva près d’eux, et leur demanda où ils allaient.

Chrétien. Nous allons à la montagne de Sion.

Athée partit d’un grand éclat de rire.

Chrétien. Pourquoi riez-vous ainsi ?

Athée. Je ris de votre ignorance et de votre simplicité. Comment pouvez-vous entreprendre un voyage dont vous n’aurez d’autre récompense que la peine qu’il vous aura coûtée et les ennuis que vous y aurez rencontrés ?

Chrétien. Comment ! croyez-vous que nous ne soyons pas admis dans la Cité céleste ?

Athée. Admis dans la Cité céleste ! Il n’y a point de semblable cité dans ce monde : elle n’existe que dans votre imagination.

Chrétien. Mais il y en a une dans l’autre monde.

Athée. Quand j’étais dans mon pays, j’ai souvent entendu dire, comme vous, qu’il y en avait une ; en conséquence, je me suis mis en route pour la découvrir, et voici vingt ans que je la cherche ; mais je n’en ai pas trouvé traces[1].

Chrétien. Nous avons entendu dire, et nous croyons l’un et l’autre, qu’il y en a une.

  1. Prov. XIV, 6 ; Eccl. X, 15.