Page:Bunyan - Le pelerinage du chretien a la cite celeste.djvu/215

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Chrétien. Ce sont celles qui sont d’accord avec ce que sa parole nous dit de lui. Je ne puis maintenant Vous en donner qu’une idée bien imparfaite. Me bornant donc à parler de ce que Dieu est par rapport à nous, je vous dirai que nous avons de bonnes pensées de Dieu, quand nous pensons qu’il nous connaît mieux que nous ne nous connaissons nous-mêmes, et qu’il voit en nous du péché là où nous n’en voyons point ; quand nous nous rappelons qu’il connaît nos pensées les plus secrètes, et qu’il lit dans les replis de notre cœur comme dans un livre ouvert, et qu’il ne peut souffrir de nous voir nous appuyer devant lui, même sur nos meilleures œuvres.

Ignorant. Me croyez-vous assez sot pour m’imaginer que Dieu ne voit pas plus loin que moi, ou pour vouloir aller à lui, en me confiant dans mes œuvres ?

Chrétien. Sur quoi croyez-vous donc que vous deviez vous appuyer devant lui ?

Ignorant. Je pense que je dois croire en Christ pour être justifié.

Chrétien. Comment ! vous pensez que vous devez croire en Christ, tandis que vous ne voyez pas le besoin que vous avez de lui ? Vous ne connaissez ni votre corruption originelle, ni les péchés que vous avez commis ; la bonne opinion que vous avez de vous-même et de vos œuvres prouve manifestement que vous n’avez jamais senti la nécessité d’être revêtu de la justice personnelle de Christ pour être