Page:Bunyan - Le pelerinage du chretien a la cite celeste.djvu/57

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qu’il ne vous traite comme des serviteurs infidèles, lorsque vous serez arrivés au tout de la carrière. Vous y êtes entrés de vous-mêmes, sans prendre les directions du Seigneur du lieu ; il faudra que vous en sortiez seuls, sans que sa miséricorde vous accompagne.

Ils ne répondirent pas grand’chose à ces observations, et se contentèrent de dire à Chrétien qu’il eût à se mêler de ses propres affaires. Ils poursuivirent ensuite tous trois leur chemin, et ne causèrent plus guère ensemble. Formaliste et Hypocrite dirent pourtant encore à Chrétien que, quant à ce qui concernait la loi et les commandements, ils ne doutaient point qu’ils ne les observassent aussi fidèlement que lui, qu’ainsi ils ne voyaient pas en quoi il différait d’eux, à moins que ce ne fût par le vêtement qu’il portait, qui sans doute lui avait été donné par quelque ame charitable pour couvrir sa nudité ; à quoi Chrétien répondit :

La loi et les ordonnances ne vous sauveront pas, puisque vous n’êtes pas entrés par la porte[1]. Quant à ce vêtement que je porte, je l’ai reçu du Seigneur de la cité céleste, et il est effectivement destiné à couvrir ma nudité ; c’est un don précieux pour moi, car je n’avais auparavant que de misérables haillons ; tout en cheminant, je me dis pour m’encourager : Quand j’arriverai à la porte de la cité, le

  1. Gal, II, 16.