Page:Bunyan - Le pelerinage du chretien a la cite celeste.djvu/62

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pirs, tantôt il versait des larmes ; tantôt il se reprochait amèrement de s’être endormi dans un lieu où il aurait dû se contenter de se reposer quelques instants. Il revenait ainsi sur ses pas, regardant de côté et d’autre, dans l’espoir de retrouver ce rouleau où il avait si souvent puisé des encouragements pendant son voyage. Enfin il aperçut le berceau où il s’était endormi, et cette vue ranima sa douleur en lui rappelant avec force la faute qu’il avait commise[1] ; de sorte qu’il se mit de nouveau à déplorer amèrement son sommeil insensé : Misérable que je suis, s’écria-t-il, comment ai-je pu m’endormir ainsi en plein jour et au milieu du danger ? comment ai-je pu, pour satisfaire aux désirs de la chair, abuser ainsi du repos que le Seigneur de la colline n’a permis que pour rafraîchir l’ame des pèlerins ? Combien n’ai-je pas fait de pas inutiles ! Il faut maintenant que je parcoure trois fois le chemin qu’il m’aurait suffi de faire une fois. C’est ce qui arriva aux enfants d’Israël, lorsqu’à cause de leurs péchés ils furent condamnés à reprendre le chemin de la mer Rouge. Je fais maintenant avec tristesse et amertume le chemin que j’aurais fait avec joie si je ne m’étais pas criminellement endormi : si je n’avais pas commis cette faute, combien ne serais-je pas maintenant plus avancé dans mon voyage ; et voici la nuit qui va me surprendre,

  1. Apoc II, 4, 5. 1 Thess. V, 6, 7, 8.