Page:Bunyan - Le pelerinage du chretien a la cite celeste.djvu/63

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et je cours risque de m’égarer. Tout en se lamentant ainsi, il arriva au berceau ; il y entra, s’assit, et versa des larmes amères. Tout-à-coup, comme il tenait les yeux tristement fixés à terre, la Providence permit qu’il aperçût dans un coin le rouleau qu’il avait perdu ; il s’en saisit aussitôt d’une main tremblante, et le cacha dans son sein : mais rien ne pourrait dépeindre la joie qu’éprouva le pèlerin, en se trouvant de nouveau possesseur de ce précieux rouleau qui devait lui faire ouvrir les portes de la Cité céleste. Après avoir rendu grâces à Dieu, il se remit en route en versant des larmes de joie. Cependant, quoiqu’il remontât la colline aussi rapidement qu’il le put, le soleil se coucha avant qu’il fut parvenu au sommet. Cette circonstance le fit de nouveau rentrer en lui-même, réfléchir à sa faute, et déplorer ce coupable sommeil par suite duquel il était exposé à se perdre dans les ténèbres. Alors aussi il se mit à penser aux lions qui avaient si fort alarmé Timide et Défiant, et se dit à lui-même : c’est pendant la nuit que ces bêtes féroces vont chercher leur proie ; si je venais à les rencontrer au milieu des ténèbres, comment leur échapperais-je ? comment ne serais-je pas mis en pièces ? Comme il continuait son chemin, rempli d’inquiétude et de regrets, il leva les yeux et vit devant lui un magnifique palais.