Page:Bunyan - Le pelerinage du chretien a la cite celeste.djvu/97

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Fidèle. Quoiqu’ils s’entretinssent beaucoup du péril qui les menaçait, je doute fort, à vrai dire, qu’ils y crussent fermement. J’ai entendu plusieurs de nos compatriotes qui, lorsqu’ils parlaient à cœur ouvert, se moquaient de vous et traitaient votre voyage de folie ; mais pour moi, je croyais et je crois encore que notre ville finira par être brûlée, et c’est pourquoi je me suis décidé à en sortir.

Chrétien. Avez-vous su quelque chose de notre voisin Facile ?

Fidèle. Oui ; on ma dit qu’il vous avait suivi jusqu’au Bourbier du découragement, et qu’il y était tombé ; mais il n’a pas voulu en convenir. Cependant je n’en doute pas ; car il était tout couvert de boue.

Chrétien. Et que lui disaient ses voisins ?

Fidèle. Depuis son retour, il a été la risée de tout le monde ; on se moque de lui, on lui témoigne du mépris, et plusieurs refusent même de lui donner de l’ouvrage. Il est maintenant dix fois plus malheureux qu’il n’était avant d’avoir quitté la ville.

Chrétien. Mais pourquoi nos compatriotes sont-ils si acharnés contre lui, puisque le parti qu’il avait pris et auquel il a renoncé leur paraît insensé ?

Fidèle. Ils disent qu’il mériterait d’être pendu ; que c’est une girouette ; qu’il s’est conduit en traître. Je crois que Dieu a excité même les impies à